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dimanche 6 mai 2018

La Bicyclette bleue, Tome 3 : Le Diable en rit encore de Régine Deforges

Et voilà la chronique du tome 3 pour le Dossier sur La Bicyclette bleue de Régine Deforges.



Quatrième de Couverture
1944 : la guerre a fini d'hésiter et chacun a choisi son camp. L'heure est venue des tueries, des règlements de comptes et des grands affrontements militaires. Léa a mûri. Après avoir découvert l'horreur, elle connaît le courage et la haine. Engagée dans toutes les luttes, jusqu'au bout de ses forces, elle trace son chemin volontaire de Montillac en feu à Berlin en ruine, passant par un Paris en liesse où rôdent encore les dangers. Pendant les deux dernières années de cette guerre atroce, la mort est sa compagne et c'est en elle qu'elle puise les infimes raisons d'une vie qui aura l'éclat de l'amour.

Mon avis
La guerre est « gagnée », la France se libère du joug de l’Allemagne nazie et tente panser ses plaies… Mais la vengeance est au menu de bien des repas sur les tables françaises. Nombreux sont ceux qui cherchent à faire payer les coupables, qu’ils le soient réellement ou non. Les humiliations sont le pain quotidien de cette France blessée, tandis que les troupes alliées repoussent l’ennemi sur tous les fronts. Léa, elle, a perdu bien trop de choses et de personnes dans cette guerre pour retourner à Montillac. Elle ne veut pas voir les ruines de son enfance et s’engage au sein de la Croix-Rouge pour porter secours à ceux qui sont à l’agonie. Face aux camps de la mort, en Allemagne, Léa est à nouveau confrontée à l’horreur que peut engendrer l’être humain.

Les pertes humaines sont encore nombreuses et Régine Deforges nous rappelle que la libération de Paris n’a pas sonné la fin de la guerre. La libération de la France a été longue, la défaite de l’Allemagne nazie aussi et le sang a encore longtemps coulé.
La France qui s’est laissée endormir durant l’occupation s’est tout d’un coup réveillée pour se venger, pour se repaître du sang des traîtres mais aussi d’innocents… Et c’est toute l’horreur historique mise en avant par ce tome : les collaborateurs qui réussissent à changer de camp au bon moment, les Français qui profitent de la « justice » pour humilier les traîtres, ceux qui, encore, dénoncent par jalousie, ceux qui se régalent face aux femmes tondues dont le seul crime a été parfois d’être amoureuses… L’histoire n’est pas faite que d’actes de bravoures.

Léa est orpheline, elle a tant perdu dans cette guerre qu’elle ne trouve le repos de l’esprit qu’en se vouant corps et âme à son nouveau but. Elle retrouve Sarah au milieu des camps de la mort, la sauve, reste traumatisée à la vue de son corps cadavérique, de la vie qui semble avoir disparu de ce qui n’est plus qu’une carcasse de chairs et d’os. Seules les apparitions de François lui permettent de garder la tête hors de l’eau.
Elle est cette France blessée, meurtrie qui peine à accepter toute l’horreur qui sort de l’ombre alors que la guerre touche à sa fin. Elle est cette France qui peine à accepter qu’en son sein, beaucoup ont trahi, beaucoup ont pris du plaisir à intégrer la Gestapo pour devenir pire bourreau que leurs formateurs. Elle est aussi cette France qui découvre avec terreur jusqu’où l’homme a pu aller par haine. Elle est cette France qui ne sait plus par quel côté entamer sa reconstruction.

Comme dans les deux tomes précédents, Régine Deforges nous offre une vision détaillée de ces derniers mois de guerre, de la lutte acharnée des alliés, de la défaite des nazis et de tout ce qu’ont vécu les peuples. Les vainqueurs écrivent l’histoire, les vaincus subissent le courroux de leurs ennemis mais ce sont toujours les civils qui en souffrent le plus. Ces civils que décrit l’autrice face aux grandes figures de la guerre comme le Général De Gaulle qui a tiré les ficelles de Londres et est arrivé en vainqueur à Paris, puis a dirigé les troupes de la France libérée. Sans critiquer l’homme, Régine Deforges n’en dresse pas un portrait flatteur, elle le décrit finalement comme ce qu’il a dû être pour beaucoup de Français : un homme qui a travaillé de loin et qui était ensuite trop au-dessus d’eux pour qu’il garde un visage de citoyen normal, comme eux. C’est ce que l’on ressent à la lecture.

Après ces trois premiers tomes relatant la Seconde Guerre Mondiale, je ne peux que saluer le travail de Régine Deforges. Elle a su me passionner du début à la fin et, surtout, dresser un superbe tableau des Français normaux qui ont vécu cette guerre. Elle n’a pas cherché à mettre en avant les grandes figures héroïques que nous connaissons mais a rendu hommage à ces millions d’anonymes qui ont œuvré à la libération de la France. Elle a su rendre hommage aux femmes aussi, montrant qu’elles étaient nombreuses à agir au sein de la Résistance. Elle a aussi rendu hommage à ceux qui sont morts inutilement, ces Français pas vraiment collaborateurs mais qui ont fait naître du ressentiment chez leurs voisins, alors qu’ils n’avaient rien fait. Et elle a rendu hommage à ceux qui ont essayé de vivre en paix avec les Allemands sous l’occupation, non pas par appât du gain mais par humanité, par découverte des êtres avant leur nationalité, comme Françoise, la sœur de Léa, qui est tombée amoureuse d’un homme bon dont le seul défaut était d’être Allemand.

Régine Deforges offre un hommage à l’histoire de la France à travers différents combats et montre que même les pires horreurs peuvent voir vaincre l’espoir et l’amour.

Pour conclure sur les trois premiers tomes, je voudrais aussi saluer la richesse littéraire de la plume de Régine Deforges, qui nous offre régulièrement des citations, des évocations d’œuvres ou de grands écrivains. Les références sont nombreuses, sublimes, parfaites. Elles m’ont poussée à en savoir plus et à noter de nouveaux titres dans la liste de mes futures lectures. Régine Deforges était une personne à la culture littéraire immense qu’elle a partagée avec nous à travers ses romans. Une autrice de talent qui mérite une réelle reconnaissance.



Le Dossier La Bicyclette bleue
Les avis des Accros & Mordus de Lecture

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